Le peuple de Maslow

Le peuple de Maslow
Ils se sont trouvés (illustration Midjourney)

Chez les Aiglands, le développement corporel se fait par étapes, mue après mue. Mais ces mues ne sont déclenchées que si des actions bien spécifiques sont réalisées. Sans elles, aucune transformation ne s’opère.

Et l’Aigland restera ainsi, sans grandir, sans vieillir.

L’Aigland a sept mues dans sa vie

#1 – Immersion : l’Aigland né d’un œuf et il vit ses premiers cycles en tant que larve. Afin d’accéder à sa première mue il doit pouvoir rester immergé dans de l’eau pendant au moins trente minutes standards. Pour cela il doit attendre que ses branchies soient suffisamment développées.

#2 – Élévation : la seconde mue sera déclenchée par une station debout de plus de trente minutes standards. Il faudra donc que les membres inférieurs de l’Aigland soient assez robustes.

#3 – Communication : la troisième mue arrive après que l’Aigland ait pu maintenir un échange verbal avec l’un de ses congénères plus de trente minutes standards. L’Aigland doit donc savoir parler et exprimer clairement sa pensée.

#4 – Plaisir : la quatrième mue interviendra après le premier rapport sexuel de plus de trente minutes standards. Il est nécessaire que les organes génitaux de l’Aiglon soient matures.

#5 – Spiritualité : pour accéder à sa cinquième mue l’Aigland doit atteindre la troisième médiane de la spiritualité Mamfé. Il doit percevoir en son soit intérieure la mèche de saisissement du nœud mystique de sa communauté de C. C’est sans doute l’étape la plus complexe et la plus longue dans le cheminement des mues des Aiglands. Et il n’est pas rare que certains n’y parviennent jamais, restant bloqué à l’âge qu’ils ont atteint au moment de leur mue précédente. Ils deviennent alors, en quelque sorte, des immortels malgré eux. On appelle ce phénomène l’aploxie.

#6 – Le voyage : fort de ses expériences précédentes l’Aigland va pouvoir entamer la période la plus marquante de son existence, celle vers laquelle tend toute son existence. Il va déployer ses ailes et cela au sens littéral du terme. Cette métamorphose, qui n’est pas encore la mue elle-même, doit lui permettre de s’envoler, de sortir de l’atmosphère de Caza – leur planète natale – et de rejoindre l’espace. C’est là qu’ils s’enkystent pour leur dernière transformation. Au sortir de la chrysalide, ils deviennent ces êtres que nous connaissons si bien maintenant et qui ne manque jamais de nous émerveiller, ces géants parés d’ailes diaphanes, d’organes pareils à des oreilles radars surdéveloppés, d’une longue queue annelée dépassant souvent les trente mètres et de ces huit pattes insectoïdes si fines que l’on craint qu’elles ne se brisent rien qu’en les observant.

#7- L’esquive : les Aiglands dotés de leur corps de voyageur stellaire vont parcourir les étoiles à la poursuite du but qu’ils se sont eux-mêmes fixé. Il peut être de n’importe quel nature. Rencontrer l’âme sœur et voyager avec elle, fonder une nouvelle colonie sur un monde propice et accueillant, atteindre les frontières de la galaxie, voir voler jusqu’à une autre voisine. Les Aiglands ne sont pas limitées dans le temps. Tant qu’ils n’ont pas atteint leur objectif, ils vivent. Et lorsqu’enfin leur destinée se réalise, alors ils se transforment en un dernier cocon qui, dans la plupart des cas, va dériver dans l’espace tant qu’aucun obstacle n’aura été rencontré. À l’intérieur, l’Aigland est conservé, momifié.

Lorsque vous levez la tête vers le ciel étoilé d’une nuit sans nuage, l’étoile filante qui vous invite à faire un souhait est peut-être le sarcophage d’un Aigland qui finit sa course dans le flamboiement d’une désintégration qui ranimera, dans une dernière pulsation, le C de cet être d’exception. Nul doute que vous en percevrez l’échappée. Et nul doute que celle-ci vous portera chance.

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