Ala Humani 5

Ala Humani – 5

Illustration : auteur inconnu

C’est au tour de Taloc, la planète natale D’Ange Stable.

Pour l’aspect physique des Taliens nous pourrions évoquer un mix d’échassiers et de lémuriens. Ils sont bipèdes, possèdent de grands membres inférieurs, deux fois plus longs que le reste de leur corps, composés de six articulations chacun. Ils peuvent ainsi déployer ou replier ces immenses jambes de plusieurs façons, faisant ainsi varier leur hauteur de deux à quatre mètres, six pour les plus grands.

Cette capacité est héritée de leur vie primitive lorsqu’ils sont apparus et se sont développés dans les zones marécageuses de Taloc.

Les Taliens n’ont d’ailleurs jamais abandonné leur biome originel. Ils n’ont pas colonisé le reste de la planète, même s’ils la parcourent inlassablement pour l’explorer, recenser les innombrables espèces vivantes, animaux, plantes, zozapiens, bactéries, etc.

Nous pourrions désigner les Taliens comme des mystiques si l’on acceptait de qualifier les sciences de divinités. Ils ont un rapport de l’ordre du spirituel avec le réel qu’ils considèrent comme un mystère à étudier. Ils sont le peuple destiné à questionner l’univers. C’est une mission et elle prévaut sur toutes les autres, guidant leur vie et structurant leur société. Un acte de fois sans cesse renouvelé, un dévouement communautaire au savoir.

Ils n’étudient jamais une matière qui ne pourrait mener à une nouvelle interrogation, un nouveau mystère. Ils croient profondément au mystère pour ce qu’il est possible de le percer, de lever le voile, d’en résoudre l’énigme pour accéder à la suivante. Ils ont une fois profonde en l’inconnu en cela qu’il invite à l’interrogation. Si nous devions trouver une raison de l’existence des substances du réel, les Taliens seraient là pour le questionner. Ils n’ont pas de religion, ou plutôt ils ont eu et auront toutes les religions. Ils en adoptent parfois, momentanément, si cela répond à un doute, ouvre une piste, résulte d’une étude. Mais cette croyance ne sera que l’outil temporaire de leur recherche, étape obligée de leur quête éternelle de la question suivante.

Toute leur société est organisée autour de ce concept de recherche fondamentale par le biais de l’interrogation et du doute scientifique. Pour autant ils n’ont jamais dépassé le NT1… Tout au plus maîtrisent-ils la sculpture du bronze. Ils vivent en tribus nomades, ont domestiqué des animaux pour en faire des bêtes de traits. Ils n’utilisent pas la roue, ne font pas de feu. Ils sont herbivores et se nourrissent exclusivement des algues présentes dans leurs marais. Et pourtant dans un même temps ils ont exploré nombre de technologies du NT5 et quelques-unes du NT6.

Pour cela ils établissent des ateliers mentaux qui leur permettent d’expérimenter par la pensée tout en respectant instinctivement les règles de la Téalité. La science du Compensum, du Paralexe, du Quandrium, la physique, la biologie, le Mutex, toutes les sciences sont à la portée des Taliens.

Leurs laboratoires mentaux sont persistants. Ils peuvent modéliser, expérimenter, tester mentalement leur théorie pour mettre leurs travaux sur pause et les reprendre plus tard exactement dans l’état où ils les ont laissés. Il s’agit là bien plus que d’une bonne mémoire. Il s’agit d’une capacité de stockage mémoriel total. Et pour compléter cette formidable capacité d’expérimentation mentale ils peuvent partager ces travaux intellectuels en temps réel avec leurs proches via un lien psy. Ils peuvent ainsi mener des travaux collaboratifs explorant toujours plus loin les mystères de notre univers à la recherche de la prochaine grande interrogation, de la future question, de l’énigme suivante, du nouveau pas en avant.

C’est durant l’une de ces prospections intellectuelles que les Taliens ont découvert l’existence de leur congénère Coyliens et Xochiens.

La quasi-totalité des Taliens s’unit alors pour former un immense laboratoire psychique au sein duquel ils menèrent d’innombrables expériences. Leur objectif, permettre aux Atabiotes de voyager entre leurs trois planètes pour se rencontrer.

Dans un premier temps, ils mirent au point un système de communication. Développant un langage de signaux lumineux ils purent ainsi, au terme d’un pépicycle d’intenses recherches, réaliser le premier contact. D’abord avec les Xochiens qui très vite répondirent à l’appel puis avec les Coyaliens avec qui ce fut plus long, du fait de leur vie souterraine, mais qui finirent par capter les messages et y réagir favorablement.

Il se passa trois bons cycles longs avant qu’un premier déplacement par conviction fût tenté. Des tests furent menés sur Minsband, l’un des trois satellites naturels de Taloc. Puis jusqu’à la ville coyalienne d’Amabriss. La délégation talienne y fut accueillie chaleureusement et de nombreuses fêtes et réjouissances furent organisées pour célébrer l’événement durant plusieurs cycles longs.

Le voyage vers Xochi fut plus long à mettre en place, l’environnement de la planète étant plus hostile aux Taliens que ne peut l’être celui des villes souterraines coyaliennes.

De courtes expéditions furent menées par les Taliens pour aménager des abris, sorte d’igloos sur les berges éphémères du Lobi (la mer nomade de Xochi). Au fil des cycles, ces abris évoluèrent en villages, petites villes puis pour certaines en cités où résident, lors du passage du Lobi, plusieurs milliers de Taliens et parfois même de Coyaliens.

Illustration : auteur inconnu

Mais c’est bien sûr sur Taloc que le mélange des trois races est le plus important. Il existe des Payaports, des endroits spécialement conçus par les Taliens pour accueillir leurs congénères des autres planètes tout au long du laps.

Les Taliens ont appris aux Xochiens et aux Coyaliens l’art du voyage par conviction. La planète centrale devint le carrefour naturel de rencontre des trois races.

Autrefois riche société dotée d’un grand pouvoir d’adaptabilité les Coyaliens, les Taliens et les Xochiens se sont unis pour former l’une des civilisations les plus passionnantes de μ32. Gageons que leur avenir soit brillant, céleste, inspirant. Oui inspirant pour nous, société des traceurs, qui avons opté pour une évolution technophile où nous oublions parfois nos racines Bio et la nature qui nous a fait naître.

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