Enfin, Abram me voilà!

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Enfin, Abram me voilà ! En approche depuis une bonne heure. C’est dément ! Un cycle pour apponter… et ce n’est pas encore fini. Mais quelle folie. Ce ne sont pas dix, cent, mille vaisseaux qui gravitent autour du Traceur, ce sont des millions ! De toutes tailles, de toutes sortes, de toutes provenances. Ils affluent des quatre coins de la galaxie pour y apporter leurs passagers, leurs cargaisons, pour s’y ravitailler, faire des réparations, rencontrer le naviguant, faire du tourisme, venir, comme moi, y poursuivre des études. Il y a comme un nuage d’insectes autour du Traceur. Et parfois, au milieu de cette multitude, émerge un monstronef, une paquebelle, un lehouine. Si gros en comparaison de la myriade de navires, si insignifiant au côté du Traceur !

Y a-t-il des couloirs de navigation, un semblant d’ordre dans cette anarchie de trajectoires ? La vitesse des navires est inversement proportionnelle à leur taille. Ce qui fait ressembler les navettes à des nuages de mouches en colère tournoyant follement autour des gros cargos débonnaires.

La taille intermédiaire de notre goëlle ne nous permet ni de nous faufiler entre les autres vaisseaux, ni d’être prioritaire face aux gros mastodontes. Alors l’attente s’éternise… et ce n’est pas pour me déplaire. Je passe le temps sur le pont d’observation tribord, celui de la bibliothèque. Ici, je peux y trouver toutes les informations et illustrations voulues sur les autres navires qui s’approchent de nous.

Le Galé d’alias Vieille Ecorce, un transal de classe Hypo. Un magnifique navire, tout en finesse. Très rapide pour sa taille.

Archiblade d’alias Sans Trace. Un huilier si grand que son champ de normalisation grésille sur les boucliers du Traceur.

Les Logis de la colonie itinérante Du Chapelet. Plusieurs milliers de chanterelles amarrées les unes aux autres, dessinant un treillis au centre duquel on aperçoit une petite lune.

Et Desertigo ! Un des lehouine que l’Abram a emportés dans ses soutes et qui a tant fait pour nous sortir de la crise énergétique de nos débuts.

Et surtout, surtout, j’ai eu la chance d’en apercevoir un ! Et quand je dis apercevoir, c’est voir, observer, admirer. Un Scorpion, là, juste à côté de nous, à l’arrêt pendant un bon cycle. Mon cœur n’a pas cessé de battre la chamade. Ils sont si… menaçants, il émane d’eux une telle puissance, une telle force brute. Et aussi un sentiment poignant de tristesse et de mort… une navette a fait l’aller et le retour entre lui et notre vaisseau. Je ne sais pas pourquoi, mais je me suis bien gardé d’essayer d’en savoir plus…

Enfin, Abram me voilà! - un Scorpion
Et tellement accueillant … (illustration MidJourney)

Le quai d’amarrage est en vue. Nous nous glissons entre deux tankers en plein chargement d’habitations silos. La lumière du CurrSül disparaît, nous sommes à l’ombre des géants 🙂 Je dois me dépêcher, le responsable de vie de notre pont vient nous informer en personne que le Docomino (notre navire), va tenter de rattraper un peu de son retard en repartant aussitôt les nouveaux passagers embarqués. Je dois donc libérer ma cabine. Dans les couloirs, c’est la cohue. On se croirait revenu au temps des paquebots transsystèmes.

Quelle n’est pas ma surprise de croiser sur mon chemin un avatar du Naviguant. Il m’attend, là et me donne l’accolade ! Il me souhaite la bienvenue, me dit être assuré de ma réussite dans les études que je compte entreprendre. Il m’accompagne jusqu’à la porte douanière… il m’aide même à porter mes bagages… Ah ! Ah ! Quel accueil ! 

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