La tournée d’inspection du Dronae (4 / 4)

Iloé, l’île Isolée

Sa première destination : Iloé, l’île Isolée. Cette île est située au centre d’un lac naturel dans le cratère du plus grand volcan de Trio. Les habitants de la colonie installée là, nomment le volcan le Guauvan, ce qui pourrait se traduire par « la Gueule qui protège ».

Aloïd pose le planeur sur le versant sud du Guauvan. Il décide de rejoindre la colonie à pied, accompagné d’un logimec de combat et d’un autre éclaireur.

S’il marche bien il atteindra les rives du lac, sur le versant opposé du cratère dans moins de deux cycles courts. Il pourrait rejoindre le village en deux minutes à peine en utilisant la Béca. Mail il n’est pas pressé et il pourra ainsi commencer son bilan de la biodiversité.

Le versant sud qu’il emprunte est une pente douce de roche et de grands cristaux. Une flore rare colore la pierre noire volcanique de teintes rouge ocre. On y trouve principalement des mousses, des petits arbustes et des plantes vivaces. Insectes, oiseaux, reptiles, petits dinosaures et mammifères s’y côtoient, nombreux et en paix. L’Aparture y est abondante et de nombreux animaux, toutes races confondues, se retrouvent autour de ces arbres majestueux pour en manger les fruits tombés à terre.

Les données collectées par Aloïd et ses compagnons d’expédition sont envoyées au Dronae où elles viennent enrichir le flux des informations, gonflant le ventre des Outres de conservation de la réalité. Le gros des données provient en fait d’une flottille de plus de cinquante satellites que le Dronae a libérés dans l’orbite de Trio, à son arrivée sur la planète.

Le sommet du cratère atteint, Aloïd observe l’île Isolée, en contrebas, petit point au centre de la surface scintillante du lac aux couleurs sombres et dont les eaux semblent infiniment profondes. Sur sa droite, un troupeau de dinosaures aquatiques se laisse dériver au gré d’un faible courant. Parfois, on peut voir l’eau se mettre à bouillonner subitement et des geysers projettent une haute colonne d’eau et de vapeur dans le ciel. Ils disparaissent tout aussi rapidement qu’ils apparaissent et des nuées de petits oiseaux insectes se forment au-dessus de l’écume jaune souffre laissé par le geyser. Les volatiles plongent dans la mousse pour en ressortir aussitôt, généralement avec un petit poisson dans le bec.

Si l’on continue d’observer attentivement la surface de l’eau, on peut également apercevoir des ailerons noirs fendre l’eau à grande vitesse. La houle qui précède l’animal qui nage ainsi à la surface, laisse penser qu’il s’agit d’un poisson ou d’un mammifère de grande taille. Aloïd s’attarde sur cette découverte, s’interrogeant sur les mécanismes naturels qui ont permis à un tel organisme de se développer dans ce milieu clos. Il envoie son drone éclaireur effectuer des scans rapprochés. Le logimec disparaît sans un bruit et il reçoit presque instantanément les premiers clichés de l’animal en gros plans et des radiographies de son anatomie. Il y voit une baleine de trente mètres de long dont le corps est entièrement recouvert de plaques osseuses. Les jointures entre ces plaques laissent apparaître une clarté luminescente sur laquelle s’agglutinent des colonies de crevettes rouges et bleues. Des galeries semblables à des vaisseaux parcourent l’animal et permettent aux petits crustacés de voyager dans l’organisme de la baleine. Les vaisseaux se contractent et génèrent un courant d’eau dans l’ensemble de ce circuit « veineux ». Les crustacés qui entrent dans le circuit sont rouges pour en ressortir bleus. L’animal n’a ni bouche, ni système digestif et respiratoire. Le logimec récence soixante-trois de ces animaux repartis en onze troupeaux. On peut apercevoir, sur le corps des baleines, des chapelets d’algues Aparture dont les crevettes semblent parfois se nourrir.

Illustration Midjourney

Aloïd cesse là ses investigations et se promet d’interroger les habitants de la colonie au sujet de cet animal étonnant. Il tarde à se remettre en route, subjugué par la beauté saisissante du Guauvan, de Trio et de son ciel flamboyant, d’Iloé, de sa fragilité, de cet équilibre du Bio.

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